En 2020, nous fêtons les 40 d'un film désormais inscrit dans la pop culture : Shining. Le moment pour nous de visionner sa suite signée par le réalisateur de la série The Hauting of Hill House. Bonne ? Mauvaise ? Si l'exercice paraît particulièrement ambitieux (Qui oserait se mesurer à Kubrick ?) il est aussi délicat et n'a pas su convaincre les spectateurs : Doctor Sleep, c'est surtout l'histoire de l'un des gros échecs de 2019.
Publiée en 2013, la suite de Shining rédigée par Stephen King était déjà dans les cartons pour une adaptation ciné depuis 2014. En l'absence d'un réalisateur suffisamment motivé pour prendre les rennes derrière le géant Kubrick, c'est finalement Mike Flanagan, grand fan de l'américain, qui parvint à convaincre la société de production pour lancer le projet qui aborde l'âge adulte de Danny Torrance, plusieurs décennies après les évènements de l'Overlook Hotel. Pourtant, celui-ci n'a rien perdu de son Shining et s'avère ne pas être le seul à le posséder, comme un certain nombres d'enfants. Devenu alcoolique comme son père Jack, il essaie de reprendre sa vie en main quand ses vieux démons refont surface. Ils l'amèneront à croiser de nouveau la route de l'Overlook, quitte à prendre de nouveau des risques pour sauver la vie des plus vulnérables...
Oserez-vous y retourner ?
Cette suite de Shining est assez prometteuse sur le papier. La bande-annonce promettait des moments frissonnants rappelant le terrible cauchemar de 1980 avec un retour dans l'Overlook original, ses couloirs et ses pièces maudites. La réalité est plus contrastée et inégale. Après une ouverture accrocheuse où l'on se replonge effectivement dans une ambiance très Kubrickienne (avec de nouveaux acteurs et non pas des images d'archive), la suite est plus ennuyeuse. On prend plaisir à voir le souci du détail dans la reconstitution de l'Overlook Hotel et de son ambiance. On apprécie grandement l'atmosphère générale du film qui reste tout à fait captivant dans son ensemble et effrayant. On ne retrouve toutefois pas la puissance psychologique propre à Shining. Flanagan, plutôt que de faire du copycat, impose aussi et c'est un bon point sa propre patte à la pellicule. Les aspects paranormaux sont largement mis en valeur contrairement à Shining où c'est là toute la subtilité du film. Le groupe du "Noeud vrai" est intéressant à suivre dans son côté particulièrement maléfique, malgré parfois un certain nombre de lourdeurs. Mais bien entendu, il est totalement inutile de chercher à comparer les deux films qui n'ont - vraiment - rien à voir si ce n'est la trame scénaristique.
En bon fan de Kubrick et King, le réalisateur distille très régulièrement des clins d'oeils à tout cet univers complexe, mais ne joue pas au fan service non plus. Le film ressemble par moments tant à un hommage qu'à un essai de suite qui est somme toute assez réussie malgré le niveau imposé par le précédent opus. C'est, je crois, une tâche particulièrement difficile que de faire suite à Kubrick sans être soi-même Kubrick ! Flanagan s'en sort bien. La dernière partie du film rend largement hommage à Shining avec son déroulé dans l'antre de l'Overlook parfaitement reconstitué.
L'interprète de Wendy est très convaincante, celui de Jack beaucoup moins. Ewan McGregor rehausse considérablement le niveau. On aurait beaucoup aimé quelque chose ressemblant au travail fait par Spielberg dans Ready Player One. Mais certainement, ce n'est pas le même calibre niveau réalisation. Notons que la bande-originale est très réussie.
Véritable échec en salles, Doctor sleep parvient à convaincre, sans plus. En fan inconditionnel de Shining, je n'ai été qu'à moitié convaincu et moyennement satisfait de cette suite. Mais les attentes étaient très élevées, et c'est peut-être bien là le problème...
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