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Drive, Nicolas Winding Refn (2011)

Photo du rédacteur: ValentinValentin

Affiche non officielle du film mais dont on appréciera l'esprit.

Récemment présent à Paris afin d'orchestrer le festival "Toute la mémoire du monde", Nicolas Winding Refn est revenu lors d'une "masterclass" diffusée sur Arte sur son oeuvre dans sa globalité, sur son appréciation des couleurs, des plans et son regard sur le cinéma. Parmi ses films les plus marquants, Drive (2011) demeure la plus aboutie et la plus agréable tant sur le plan visuel que narratif, demeurant pour tout cinéphile un film marquant.


Si la carrière du cinéaste a commencé bien avant les années 2000, celle-ci prit un tournant sans retour en 2008 avec Bronson. En 2011, la nouvelle voie du réalisateur se confirme avec sa nouvelle création, Drive, film noir et profondément violent, marquant le début de l'ère esthétique du danois qui se poursuivra avec Only god forgives, The neon demon. Le style unique de Drive tient en plusieurs points, faisant du film l'une des œuvres majeures des années 2010. Prix de la mise en scène à Cannes en 2011, le film fait preuve d'une rigueur esthétique considérable, grâce à un éclairage, une photographie et des décors extrêmement stylisés et soigneusement choisis, associés à un très bon casting et à un remplissage du cadre digne des plus grands metteurs en scènes.


Dans Drive, Nicolas Winding Refn prend le choix d'évoquer tout ce qui lui est cher. La mise en oeuvre d'une symbolique forte sert un scénario où la violence devient fil rouge. Le montage assure également un récit plutôt bien calibré où la psychologie du personnage principal interprété par Ryan Gosling ne se révèle pas subitement au spectateur mais prend un chemin plus sinueux mais particulièrement aisé à déceler.

Comme souvent chez NWR, le scénario tient en quelques lignes. Le réalisateur choisit plutôt de soigner les détails et de rendre un hommage au cinéma de son enfance : Parmi les inspirations (non cachées), nous retrouvons Scorpio Rising (la veste du "driver" symbolise à la fois son caractère mais aussi le lien avec le film), ainsi que Bullitt mettant en scène Steve McQueen, Le solitaire ou encore American Gigolo. La noirceur de Drive tient en la dureté des répliques, rares mais taillées au couteau, en l’ambiguïté des relations entre certains protagonistes mais aussi en la psychologie des interprètes et encore une fois la forte symbolique (thématique du masque, des mains, du regard et tant d'autres, qui est tour à tour exprimée par le biais de contrechamps, de travellings, ou de plans savamment choisis.

Beaucoup de scènes sont rondement menées et la mise en scène excelle en tous points. La psychologie du "driver" laisse présager une violence profondément enfouie qui explose à plusieurs reprises, associée à une bienveillance presque œdipienne. Cette noirceur se caractérise par exemple par l'absence de plans permettant d'entrevoir l'appartement du personnage principal, tandis que le logement de sa voisine Irene est parsemé de détails laissant présager le déroulement du film.


Palette colorimétrique simplifiée (Pinterest)

Le jeu des couleurs est précieux, car Nicolas Winding Refn, associé du directeur de la photographie Newton Thomas Sigel choisi de donner un réel sens aux couleurs exploitées. Les couleurs parlent d'avantage que les dialogues car celles-ci donnent de précises indications sur le tempérament des personnages, sur le déroulement de certaines scènes (opposition du rouge et du bleu venant signifier l'impossible relation entre les deux protagonistes, puis surabondance du rouge indiquant une fin tragique, mais nécessaire) et donnent au film une atmosphère particulièrement agréable et singulière.

Puis, la force de Drive tient en son casting : le choix de Ryan Gosling sera déterminant pour le reste de sa carrière tant le rôle tenu ici demeure mémorable. Son association avec Carey Mulligan, aux traits du visage doux et rappelant l'innocence est un beau contraste. Puis, Bryan Cranston et Ron Perlman, qui ne sont plus à présenter, tiennent une partition de haute volée.


Ici encore, un très bel exemple de composition de l'image, de symétrie et de contraste.

Les deux derniers points restent les plus irréprochables. Du côté de la mise en scène, la quasi-perfection est atteinte. La grande rigueur des plans nourri une esthétique hors du temps et les prises de vues sont belles, soignées. La composition des images est rigoureuse. On apprécie tout particulièrement le plan du regard du "driver" dans le rétroviseur intérieur, un classique indémodable mais apportant à la narration un plus incontestable, pour ne citer que celui-ci.

Enfin, la bande-originale, composée par Cliff Martinez est l'une des plus marquantes de ces dernières années. Le choix des musiques est impeccable : Kavinsky (Nightcall), Desire, Electric Youth. Une bande-son electro, synthwave, nourrissant avec profondeur une image très travaillée.

Pour résumer, Drive demeure une véritable perle d'esthétisme et de cinéphilie dans tous les domaines touchant à l'art de manier l'image. Pour son premier film où l'image demeure léchée plus encore que dans ses précédentes réalisation, NWR choisit de tout donner au spectateur, en lui offrant une kyrielle de couleurs, de nuances et un savant mélange de plans qui sauront rappeler au spectateur le plus averti les moments les plus forts du cinéma contemporain, dont Winding Refn tire son inspiration depuis de nombreuses années. La symétrie des plans est quasi constante tandis que le travail de l'image rend le film beau et d'avantage sombre.

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