Dans ce conte pour petits et grands, Martin Scorsese fait une brillante déclaration d'amour au cinéma, à l'enfance et au père de tous les cinéastes : Georges Méliès, faiseur de rêves et prestidigitateur de génie.
Si Hugo Cabret se laisse délicatement regarder comme un film de fêtes et de fin d'année, il n'en reste pas moins un conte qui s'apprécie à tous moments. Le film s'articule comme une précieuse boite de Pandore, où de nombreux secrets y seront révélés et où la beauté des images et du scénario séduit tout cinéphile adulte. Loin d'être une simple fable, cette adaptation du roman éponyme de Brian Selznick est un régal visuel, qui laisse une place immense à certains des thèmes chers au réalisateurs comme les souvenirs, le temps, l'enfance et surtout les origines du cinéma, tout en les mettant en scène dans un contexte favorisant l'émerveillement.
Martin Scorsese délaisse brillamment avec ce film un passé de psychose, de mafieux, de violence et de sang pour choisir le rêve, la magie, l'innocence des jeunes années.
Le Synopsis
Orphelin, Hugo Cabret vit dans la Gare du Nord, à Paris. En 1931, ce jeune homme est seul et vie de petits vols. Son unique objectif est de réparer un automate que son père, veilleur d'un musée, a récupéré quelques années auparavant. Fait de multiples mécanismes, cette machine superbe ne pourrait-elle pas révéler un immense secret, ou un message de son père ? Hugo, à la recherche des dernières pièces manquantes, fait la rencontre du gérant d'une boutique de jouets, à la gare. Ce vieux monsieur à l'allure peu sympathique, se révèle posséder un passé extraordinaire : et si c'était lui qui détenait la clé du message laissé par l'automate ?
L'analyse
Merveille visuelle et narrative splendide aventure à travers le regard d'un enfant, Hugo Cabret est une réelle réussite dans le sens où qu'il demeure un support idéal à tout cinéphile, grâce aux nombreuses références. A travers la pellicule, on ne compte plus les hommages à Chaplin, Lloyd, et d'immenses classiques du cinéma de la première moitié du XXe siècle. Mais surtout, Le voyage dans la lune est le fil conducteur du scénario, amenant à narrer la vie et la brillante carrière de Georges Méliès : Avec un esprit synthétique évident et un amour réel pour ce grand Monsieur, Martin Scorsese parvient à relater quelques-uns des moments les plus importants de sa vie sans en omettre la vérité : La reconstitution des studios de Méliès prendra un an, et le tournage sera particulièrement long et innovant pour l'américain qui n'avait jamais tourné en 3D. S'il choisit cette technologie, c'est très certainement pour montrer la continuité entre cinéma muet de la fin du XIXe siècle et les innovations du XXIe. Ce récit est aussi celui du passage à l'âge adulte, de la sortie d'un microcosme vers quelque chose de plus grand : Hugo est bien plus qu'un simple enfant, mais il représente une personnalité que Scorsese aime mettre en scène tout particulièrement.
En grand cinéaste, Martin Scorsese ne laisse rien au hasard. Le film met en avant l'idée de la mécanique, à travers les horloges, l'automate (faisant amplement penser à Metropolis) mais aussi la jambe abîmée par la guerre du policier de la gare incarné par Sacha Baron Cohen. Les personnages regardent souvent à travers une œillère, une fenêtre, un petit espace, ils observent de loin les événements, comme une métaphore filée du cinéma. C'est en cela, et encore de nombreuses choses qu'Hugo Cabret est un film brillant et très réussi.
Une interprétation de qualité
Autre point positif certain, l'interprétation de qualité des comédiens qui remplissent amplement les rôles qui leur sont attribués. Il faudrait surtout nommer Ben Kingsley, très persuasif et campant son rôle avec conviction. Sa ressemblance avec George Meliès est particulièrement frappante. Jude Law, Sacha Baron Cohen, Asa Butterfield et Chloë Grace Moretz s'avèrent être doués et touchants. Toutefois, on pourrait nuancer pour la jeune Chloë Moretz qui peine à trouver un registre qui lui convient. Enfin, on aimera sans aucun doute l'apparition de Christopher Lee en bouquiniste de la Gare du Nord !
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