Le 14 août sortira le neuvième film de Quentin Tarantino, Once upon a time in Hollywood. Casting de prestige et décors naturels viendront alimenter ce qui s'annonce déjà comme l'un des films de l'année. Véritables petits tremblements de terre, chaque réalisation de l'américain est vivement attendue par ses fans et révèle les qualités de ce cinéaste connu pour ses œuvres violentes, jubilatoires et expiatoires.
Parmi celles-ci, Inglourious basterds est l'une des petites pépites. Son style unique, son scénario déjanté et sa palette d'acteurs mémorables en font un véritable moment de plaisir. Mais alors, c'est quoi Inglourious basterds ? Arrêt sur images.
France, 1940. L'ennemi occupe les terres et veille à chasser les ennemis du Reich dans une politique antisémite sévère. Parmi les plus virulents officiers nazis, se tient le terrible Colonel Hans Landa (Christoph Waltz) , aux méthodes bien peu recommandables. Tragiquement privée de sa famille, la juive Soshanna Dreyfus (Mélanie Laurent) refait sa vie à Paris, gérante d'un cinéma soumis... à la censure nazie. Tour à tour, ce sont les films de Pabst, Riefenstahl qui y sont projetés. Loin de là, dans cette Europe tourmentée, un commando d'intrépides juifs américains se forme. Ce sont les "basterds", les bâtards tels qu'ils sont appelés par les allemands, menés par le Commandant Aldo Raine (Brad Pitt). Leurs méthodes sont radicales : scalper les nazis. Leur soutirer des informations. Faire chuter le Reich. Tuer Hitler et ses collaborateurs. Tout est histoire de vengeance, et les destins croisés des personnages ne visent qu'à un seul dessein, quelles qu'en soient les conséquences... et leurs chemins les ramènent à Paris, au cinéma de Soshanna....
Sur fond de contexte historique bien réel, Quentin Tarantino propose de revisiter l'histoire de la Seconde Guerre mondiale en proposant un film expiatoire. Inglourious Basterds, bien que doté d'un scénario simple mais très efficace, est surtout porté par un nombre d'acteurs au sommet de leur art. En particulier, Christoph Waltz qui fut acclamé en 2009 et reçut un nombre considérable de prix : le rôle de sa vie, lui qui avait pour habitude de jouer de petits rôles dans des séries télévisées autrichiennes. Son personnage du Colonel Hans Landa l'habite, lui colle à la peau. Son sang froid, son intelligence et son caractère font de lui l'un des antihéros les plus excellents de l'histoire du cinéma. Multilingue, très locace et jamais à court de répartie, Hans Landa est le plus fin des limiers lorsqu'il s'agit de traquer chaque ennemi sans relâche. Son flair est imprenable et ses intuitions toujours justes : Landa est inévitable, mais jusqu'à quel point ?
Plusieurs éléments rendent Inglourious basterds culte. Qu'il s'agisse de sa scène d'ouverture, de ses personnages ou même de ses dialogues, Tarantino nous prouve qu'il est possible de faire de l'humour et du décalé avec un sujet pourtant délicat. Il paraît également crucial de regarder l'oeuvre en Version Originale : S'il s'agit bien d'un film américain, Christoph Waltz s'amuse à parler l'allemand, l'anglais, l'italien, le français sans aucune difficulté, quand bien même Michael Fassbender, Diane Krüger ou Daniel Bruhl articulent eux-aussi leurs dialogues en plusieurs langues. Cerise sur le Schnaps, les accents parfois (souvent) hasardeux renforcent l'aspect comique et contribuent même à la narration... Nous retiendrons l'échange entre Hans Landa, Aldo Raine et ses compères au cinéma parisien, dans un italien des plus approximatifs :
Distillant un nombre conséquent de scènes de grande qualité tant au niveau de la mise en scène, de l'interprétation ou de l'humour décapant Inglourious basterds ravit par son style de comédie noire violente et impitoyable. La bande-son d'Ennio Morricone apporte une subtile ambiance Tarantinesque. Mais ce n'est pas tout : nous retiendrons tout particulièrement la scène de préparation de Mélanie Laurent, convaincante, avec en musique Cat people du britannique David Bowie :
En résumé, Inglourious basterds n'est peut-être pas le meilleur des films de Quentin Tarantino (délicat classement) mais, à bien des égards, il sait s'apprécier pour ses qualités incontestables. Exutoire, jubilatoire et brisant volontiers les clichés cinématographiques conservateurs sur la Seconde Guerre mondiale, il préfigure aussi Django unchained qui procède à la même chose dans le contexte de la traite négrière.
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