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Jane Marken " Jules, je pars, j'ai assez ri..."

Photo du rédacteur: Romain JousseRomain Jousse

Cet extrait d'un télégramme envoyé à l'acteur Jules Berry , vers 1930 par son épouse d'alors, après dix ans d'un mariage chaotique, est un petit aperçu qui fera date dans la vie de la mariée !


La femme en question, c'est Jane Marken, bien décidée à récupérer son indépendance de femme mais aussi d'actrice.

Cette rupture éclatante sonne le début d'un véritable renouveau professionnel pour Jane, qui n'a encore que 35 ans.

Si elle incarne à ses débuts sur scène les jeunes premières sveltes et charmantes, son mariage mouvementé avec Jules Berry va profondément bouleverser ses emplois futurs au cinéma.

Cette jolie pensionnaire de l'Odéon dut mettre sa carrière entre parenthèses durant cette union mais c'était mal connaître le tempérament de feu de la jeune femme, animée par un farouche désir d'indépendance professionnelle.

Divorcée, désormais ronde et énergique, elle prête ses formes généreuses, sa voix tonique et son talent tragique à un film décisif : Partie de Campagne, réalisé par Jean Renoir.

La postérité, souvent cruelle et expéditive retiendra surtout de Jane Marken ses rôles dynamiques de femme dodue au verbe haut ou à la malice gracile.

Sacha Guitry, Jacques Becker, Julien Duvivier, Jean Renoir, Yves Allégret, Max Ophuls , Jean Grémillon, Henri Verneuil, Marcel Carné sont quelques uns des grands cinéastes à avoir fixé son talent bien moins réducteur sur la pellicule.

Belles-mères revêches douées d'un solide sens de la famille, cocottes vieillissantes en perte de vitesse, mères maquerelles peu farouches, la palette de Jane est paradoxalement large.


Elle marque les esprits dans Hôtel du Nord, Les Enfants du Paradis ou Dédée d'Anvers mais son coup d'éclat cinématographique majeur résonne à la fin des années 40.




Extrait de Copie Conforme (Jean Dréville - 1947)


Proche du cinéaste Yves Allégret, elle incarne avec une stupéfiante conviction la mère de Dora (Simone Signoret) dans Manèges dont voici la sublime affiche :

Les deux femmes rêvent d'argent facile, d'une vie dorée à l'abri du besoin. Elles jettent leur dévolu sur un brave homme, le gendre de l'une et l'époux de l'autre. La victime en question n'est autre que Bernard Blier. Mais l'argent manque rapidement et les illusions s'envolent...


Tour à tour calculatrice, humiliée, jalouse, détruite, folle de chagrin, aux abois ou triomphante, Jane, avec Manèges, frappe durablement les esprits et prête son talent dynamique à une composition puissante et inventive, pleine de violence et de noirceur.

Manèges, après une avant-première catastrophique au casino de Vichy en 1949 remporte un franc succès lors de la ressortie du film, l'année suivante.

La décennie qui suit ne sera pas en reste.

Augustine, restauratrice près de ses sous dans Le Trou Normand, en 1952, est peut-être l'un de ses rôles du grand écran les plus diffusés à la télévision.

Elle y accompagne les débuts timides de Brigitte Bardot dans ce film charmant, cher aux fans de Bourvil.

Jane Marken retrouve Brigitte en 1956 dans l'explosif Et Dieu... Créa La Femme. Elle y incarne sa nourrice, mère adoptive excédée par un tempérament incandescent et épris de liberté.

Son " Dévergondée ! " reste particulièrement savoureux.


Extrait de Et Dieu... Créa La Femme (Roger Vadim 1956)


Jane trouve l'un de ses meilleurs rôles grâce à Julien Duvivier et le très énergique et sensuel Pot Bouille, d'après le roman d'Émile Zola, en 1957.

Elle y incarne Mme Josserand, grande bourgeoise ruinée, peu chaleureuse et caractérielle, prête à tout pour se refaire une santé mondaine et financière, y compris à jeter ses filles, dont la séduisante Berthe, interprétée par Dany Carrel, dans les bras du premier venu.


Pot Bouille, d'après le roman d'Emile Zola (1957)

Jane retrouve dans ce grand succès de Julien Duvivier, Gérard Philipe , avec lequel elle a souvent tourné, en particulier dans l'étonnant et novateur Une Si Jolie Petite Plage, réalisé par Yves Allégret en 1948.

On sait finalement peu de choses de cette femme discrète, solitaire et si peu médiatique.

En 1961, à la proposition de Jean-Claude Brialy de participer à une émission télévisée en hommage à Jules Berry, elle avait répondu : " Ah ça jamais !! Il m'a assez emmerdée de son vivant, il ne m'emmerdera plus maintenant qu'il est mort ! ".

Après d'ultimes petits rôles dans des vaudevilles cinématographiques au début des années 60, Patate ou La Bonne Soupe, Jane Marken ne tournera plus jamais aucun film, jusqu'à sa mort, presque anonyme, le 1er Décembre 1976.


Mais son abondante filmographie a une voix qui porte et n'a pas dit son dernier mot !



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