« Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts, et ceux qui sont en mer. » Aristote
C'est sur cette citation d'Aristote que s'ouvre ce film français très réussi. Coup d'essai pour son réalisateur, Antonin Baudry connu dans le monde de la bande-dessinée, il s'agit pourtant là d'un film de guerre sous-marin captivant et ce grâce à une mise en scène de bonne facture et un casting de premier ordre, qui tranche radicalement avec l'ensemble des productions françaises actuelles par son ambition et le résultat final.
Le synopsis
A bord d'un sous-marin nucléaire d'attaque français, le premier-maître Chanteraide est le spécialiste infaillible des sons. Oreille d'or, c'est-à-dire capable de repérer et d'analyser tous les sons environnants, doté d'une oreille absolue, celui-ci commet toutefois une erreur terrible d'interprétation sur un bruit : un sous-marin iranien repère les français et un hélicoptère, équipé d'un sonar immersible, menace de les détruire. In extremis, l'équipe composée du capitaine de vaisseau grandchamp et du second d'Orsi parvient à neutraliser la menace. Toutefois, cet incident menace clairement leurs carrières respectives alors que le climat géopolitique se tend en Europe, en proie à des affrontements entre différentes nations. La menace nucléaire pesant sur le territoire français, d'Orsi et Grandchamps sont investis de fonctions élevées qui les amèneront à prendre de délicates décisions tant vis à vis de l'ennemi que de leur propres camarades.
L'analyse
Premier film de son réalisateur, Le chant du loup se démarque très clairement du reste des productions françaises actuelles pour un nombre important de raisons. Non pas dénué de défauts certains qui viennent ternir quelque peu la trame narrative parfois trop systématique, le film fait toutefois preuve d'un renouvellement des codes du genre : le thriller militaire. Incontestablement, Le chant du loup est une brillante réussite car il parvient à associer une tension narrative permanente et parfois même insoutenable, à un relatif grand spectacle très réussi et porté par un casting masculin soigneusement choisi parmi quelques grands talents français actuels. François Civil, en pleine reconnaissance, trouve ici un rôle à sa portée de comédien doué, aux côtés de pointures dont la carrière est déjà importante, comme Reda Kateb, dont le rôle d'antagoniste involontaire convient à merveille, sans oublier Omar Sy et Mathieu Kassovitz.
La trame narrative est assez soignée, mais ne saurait être parfaite : l'histoire d'amour entre Chanteraide et Diane reste assez inutile et ne saurait apporter que peu de choses à l'histoire : peut-être pourra t-on en retenir que ces marins sont avant tout des hommes dotés de sentiments et que leurs sens si affutés dépassent amplement le simple cadre de leur travail.
La construction du film, en plusieurs actes bien définis, permet de garder un rythme constant qui ne s'essouffle pas.
D'un point de vue artistique, il est certain que Le chant du loup bénéficie d'une belle photographie mais surtout d'une bande-son assez unique. L'omniprésence de ce qui fait finalement le titre du film, un son angoissant et psychologiquement destructeur, est sans pareil. La bande-originale, signé du groupe de musique Tomandandy est singulière est agréable. Elle vient servir d'une manière correcte les images et la narration, sans prendre le dessus. Enfin, parce qu'il s'agit d'un film ayant nécessité leur recours, les effets spéciaux, sont, à ma grande surprise, bien faits (mis à part une scène relativement ratée). Le film n'en demeure donc pas moins d'un très grand réalisme dans les scènes immersives, à un niveau rarement atteint auparavant pour une production française. C'est, à mon sens, une réussite que ce premier film réalisé par Antonin Baudry.
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