Réalisateur du très bon Marvel "Logan" sorti il y a plus de deux ans, James Mangold s'attarde désormais à l'histoire du sport automobile, virage périlleux dans la carrière de celui qui n'en est pas à son coup d'essai dans le genre des biopics, puisqu'il il réalisa notamment le très bon Walk the line en 2005, biographie filmique de Johnny Cash, légende de la country.
Relatant avec intérêt l'affrontement entre les deux écuries majeures Ferrari et Ford lors des 24 heures du Mans en 1966, le film cherche à imposer un réel rythme, tout en gardant à l'esprit que l'important demeure non pas le divertissement pur et dur mais aussi la narration et le point de vue des protagonistes de cette aventure sentant d'asphalte chaud. Narré depuis le point de vue américain de Ford et de son pilote effronté, le bras de fer filmé demeure une belle mise en scène portée par des interprètes particulièrement inspirés. En particulier, signalons que Christian Bale livre là, à nouveau, une performance d'acteur exemplaire et convaincante. La conviction dans les yeux du pilote demeure aussi forte que celle des pontes de Ford qui sont intimement persuadés et résolus à remporter les 24 ans du Mans, course automobile de prestige créée en 1923, malgré le fait que ce pilote leur déplaise fortement...
L'intérêt du film résulte en sa capacité à accrocher le spectateur grâce à une trame narrative oscillant entre la volonté de poser les bases de cet affrontement unique en son genre, et sa capacité à prendre des chemins périlleux lorsqu'il s'agit de relater, au plus près, les courses automobiles menant à l'ultime triplé historique. Bien loin d'un Fast and Furious dénué de tout sens cinématographique et tourné exclusivement vers le divertissement, Le Mans 66 sait convaincre par sa maturité sûrement acquise au gré des presque 6 ans de pré-production et un duo d'acteurs bien choisi. Matt Damon et Christian Bale incarnent tous deux des personnages excentriques, bien qu'opposés mais intimement liés par les sentiments qu'ils éprouvent lorsque le moteur d'un bolide se met en route. Les prototypes voulus par le dirigeant de Ford Henry Ford II et construits d'une main habile par Shelby (Damon) sont testés par le casse-cou Ken Miles (Bale) qui, au volant, ressent des sensations uniques, jusqu'à la victoire de la course grâce au modèle d'exception, la magnifique Ford GT40 Mk II.
Néanmoins, ce beau récit mené par James Mangold et des acteurs inspirés ne saurait être dénué de défauts qui ternissent le tableau final. La place accordé aux femmes tout au long de l'oeuvre demeure bien trop faible et tire sur des clichés, qui, aussi vrais qu'ils puissent être, mériteraient très certainement une lecture différente qui est ici bien trop malhabile. D'autant plus que la réalité est distordue à plusieurs reprises pour atteindre un récit d'avantage romancé que ce qui pouvait être escompté. Si de beaux efforts ont été faits pour reproduire le circuit du Mans dans les années 1960, respecter l'oeuvre originale, il n'empêche que le ton dramatique l'emporte d'avantage, et à plusieurs reprises, sur la volonté de dépeindre la réelle confrontation.
En résumé, Le Mans 66 demeure un bon moment de divertissement accrocheur, qui plaira aux amateurs de sport automobile comme aux plus nostalgiques de l'époque glorieuse des 24 heures du Mans.
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