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Les misérables, Ladj Ly (2019)

Photo du rédacteur: ValentinValentin

Réalisateur français d’origine malienne, Ladj Ly était d'abord connu pour avoir réalisé quelques-uns des clips musicaux du chanteur Oxmo Puccino. Mais, en 2019 le tournant qu'il entame pour son premier long métrage est radical. Franche réussite, oeuvre à l'écho ô combien poignant, voici Les misérables, prix du jury à Cannes 2019. 


Mes amis, retenez ceci, il n'y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes. Il n'y a que de mauvais cultivateurs. Victor Hugo

Banlieue parisienne. Seine-Saint-Denis. Montfermeil. Un policier intègre (Damien Bonnard), ayant procédé à sa mutation pour des raisons familiales, découvre le quotidien des grands ensembles de la banlieue parisienne où règne un mal-être permanent et une précarité ambiante, le tout encadré par des policiers de la BAC aux méthodes radicales et à l’esprit imprégné de racisme. En l’espace d’une journée, le regard et la vie de ce policier vont changer, confronté à la dure réalité d’une vie bien souvent oubliée des politiques publiques.

Ladj Ly frappe particulièrement fort avec ce film troublant et percutant. Rarement les propos auront été aussi puissants et évocateurs. Bien qu’il s’agisse d’une fiction, nombreuses sont les scènes qui résonnent avec un quotidien trop peu perçu par les français et par l’Etat. En 1995 « La Haine » insufflait à ce genre de cinéma un souffle nouveau, trop longtemps laissé en marge et réservé à un cinéma indépendant. Désormais, Ladj Ly ouvre grand les portes d’un cinéma social où les images sont là pour appuyer une réalité qui est en face des yeux des français mais dont chacun d’entre eux refuse d’en percevoir les signaux d’alerte, ou assiste, impuissant, à ce désastre.

Les personnages de Les misérables sont tous particulièrement intéressants. Qu’il s’agisse de ces enfants, détenteurs d’un message à la fois inquiétant et porteur d’espoir et incarnation d’une génération au poing levé, où bien d’une brigade de police où s’exprime un ras-le-bol symbolisé par des méthodes inadaptées, radicales et souvent imprégnées d’un racisme évident et d’un cruel manque de moyens. On saura peut-être surtout apprécier le rôle conféré au jeune garçon au drone « Buzz » : Celui-ci demeure la parfaite incarnation d’une société à la fois attirée par cette violence récurrente en banlieues mais dont seule la télévision lui en transmet les éléments. L’un des derniers moments du film, où il observe la chute des policiers de la BAC, acculés, et ne sachant comment agir est assez explicite quand au comportement même d’une société dans son ensemble. Mais, cela n’est pas nouveau : déjà en 1995, La Haine  sonnait le glas de cités en péril. Mais les misérables apparait d’avantage comme un cri du coeur, au plus proche des faits, plus proche encore que son homologue se déroulant sous la présidence de Mitterrand. Cela peut s’expliquer par le passé du réalisateur ayant vécu à Montfermeil. Le grand talent de ce film réside aussi en la capacité de Ladj Ly à capter des émotions, générer des moments forts et créer une oeuvre dont le rythme, très soutenu, n’essoufle jamais le spectateur. Au contraire, celui-ci est plongé, que dis-je happé par une succession d’événements interrogateurs. Coup de génie cinématographique, coup de poing dans la face d’un pays aux immenses contrastes, Les misérables termine son périple par une citation de Victor Hugo, achevant d’une sage manière ce choc cinématographique considérable et prouvant une nouvelle fois que le maître Victor Hugo reste en 2019 le plus actuel des écrivains classiques... anière ce choc cinématographique considérable et prouvant une nouvelle fois que le maître Victor Hugo reste en 2019 le plus actuel des écrivains classiques...

Voilà l’une des belles surprises cinéma de 2019 !

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