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Les yeux sans visage, Georges Franju (1960)

Photo du rédacteur: ValentinValentin


Co-fondateur de la Cinémathèque française en 1936, Georges Franju se révèle être un réalisateur de talent. Dans son oeuvre composée de huit longs métrages, nous y retrouvons l'un des films d'horreur les plus exceptionnels du cinéma français : les yeux sans visage. Edith Scob, Pierre Brasseur y jouent deux rôles somptueux. Contextuellement, le film s'intègre dans une période où en Italie comme en Angleterre, le cinéma d'horreur attire les foules : dès 1958, la Hammer produit un nombre important de films dédiés à Dracula dont Christopher Lee et Peter Cushing forment un duo imparable. Du côté de l'Italie, Mario Bava et son giallo réussissent le pari de créer une véritable forme d'art cinématographique colorée et effrayante. Quid du cinéma français ?


Le résumé


Christiane, victime d'un violent accident de la route, voit son visage défiguré par des marques irréversibles du choc. Fille d'un célèbre docteur et chirurgien dont les recherches sont avant tout spécialisées dans les greffes, son destin va soudainement basculer lorsque son père cherchera à redonner un visage à ce regard dénué de toute expression et lourdement emprisonné derrière un bandage et un masque pour la cacher des autres. Captive, Christiane n'a d'autre choix que de tenter de fuir, l'assistante de son père traquant sans relâche les plus belles filles trouvées à la ville, constituant de la chair humaine parfaite, et les attirant dans le laboratoire installé dans le sous-sol de la demeure familiale.


"Mélancolie : C’est le sentiment habituel de notre imperfection.", Denis Diderot dans l'Encyclopédie.

L'analyse


Rares ont été les films d'horreur/fantastique dans le cinéma français. Rares ont été les réussites aussi franches. Pourtant, Georges Franju, imposant avec férocité son style et laissant une liberté importante au spectateur quant à l'interprétation des images, fait figure de maître. Oeuvre importante du cinéma français de genre, Les yeux sans visage est incontestablement d'une beauté et d'une virtuosité unique, et l'interprétation d'Edith Scob y est pour beaucoup, subjuguée par une mise en scène millimétrée. Loin des clichés du genre, Franju révèle au spectateur que l'horreur se situe non pas dans les images les plus sordides mais bien dans une banalité du quotidien, dans les émotions les plus humaines, dans lesquelles s'insèrent l'affreux, l'effrayant. Les images ont un impact certain sur le spectateur et le réalisateur l'a bel et bien conçu. C'est un profond sentiment d'étrangeté et de singularité qui ressort de cette pellicule noir et banc : rompant avec tous les réalisateurs ayant réussi eux-aussi à imposer leur style : Loin d'un Hitchcock, loin d'un Bava ou d'un Argento, le cadre éminemment réaliste du film dans lequel s'insère des aspects tant fantastiques, que parfois-même comiques, lui donnent une dimension poétique tout à fait admirable. Edith Scob, tel un oiseau en cage, n'est rien d'autre que victime de la condition humaine, dont la beauté, fragile, est unique et irremplaçable. Les yeux sans visage est un film beau et captivant.


Pierre Brasseur, chirurgien cherchant à extraire la beauté des femmes pour sa fille.

Bonus : la chanson de Billy Idol "Eyes without a face", juin 1984:



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