Particulièrement attendu, le dernier film de Noah Baumbach (While we're young, Frances Ha), est sorti la semaine dernière sur la plateforme de SVOD Netflix. Casting très alléchant et scénario prometteur font partie des principaux atouts qui nous ont fait regarder ce drame romantique tout à fait honorable. Analyse sans spoilers.
L'histoire
Charlie, metteur en scène New-Yorkais doué mais très exigeant, est marié à Nicole, comédienne travaillant sous sa coupe. Ensemble, ils ont un enfant. Mais à force de tensions, leur couple, si parfait au départ, finit par basculer après plusieurs années de vie commune : Au sein d'une procédure de divorce révélant d'un côté comme de l'autre les pires défauts de chacun, les deux cherchent toutefois à conserver le peu qu'il leur reste de sentiments, tant pour leur fils que pour eux-même.
Le casting
Quel casting exceptionnel et quelle alchimie formidable entre les acteurs !
Le duo Adam Driver et Scarlett Johansson enflamme directement la pellicule qui brûle à petit feu durant le film en maintenant une constante tension. Les acteurs de premier plan réalisent ici l'une des meilleures performances de leur carrière, à en croire les émotions qu'ils parviennent à transmettre et leur engagement tout au long du film. N'oublions certainement pas les monologues superbes (notamment celui de Johansson durant au moins trois, quatre minutes imbriqué dans un plan-séquence de grande qualité) et la profondeur d'interprétation d'Adam Driver. C'est là le point fort majeur de ce film qui n'en restera sûrement pas là : une récompense ne serait pas impossible et elle serait très certainement méritée. On trouve aussi beaucoup de plaisir à retrouver Laura Dern, qui, ayant travaillé sous Lynch, Spielberg et d'autres, on s'en souvient, remplit à 100% sont rôle d'avocate engagée sur la route d'un féminisme militant prônant sans aucun doute une émancipation féminine puissante.
Ray Liotta, moins visible, apporte pas moins un complément considérable au casting déjà prestigieux. Désormais peu visible, il montre qu'il est toujours présent à 64 ans en délivrant un bon rôle d'antagoniste à Laura Dern.
Le scénario
Avec un synopsis tenant en très peu de mots, on aurait pu penser qu'il s'agissait d'un nouveau film romantique de seconde zone porté par une brochette de stars : c'est totalement faux. Noah Baumbach fait de ce couple un cas d'étude sociologique et psychologique très intéressant, focalisé sur les émotions, l'art de la manipulation. C'est souvent très fin, bien mené. On pourrait regretter quelques longueurs dans des dialogues déjà très fournis. Le film ne paraît pas tout de suite très convaincant : ce n'est qu'au bout d'une trentaine de minutes qu'il parvient à happer le spectateur qui prend plaisir à suivre ce divorce pas tout à fait comme les autres. Les sentiments humains sont au coeur de ce film, parfois sous-entendus, parfois explosant littéralement à l'écran et le yoyo permanent tant des acteurs que du scénario, fait d'aller-retours, fait d'oppositions, de comparaisons, de contradictions. La mise en scène demeure une belle réussite.
Artistiquement, c'est aussi plutôt réussi : Une photographie sobre mais bien maîtrisée, un travail des cadrages et des décors intéressant.
Marriage Story est donc, avec surprise, une franche réussite venant conforter les objectifs de Netflix : ne plus se contenter de faire des séries mais aussi des films de qualité. The irishman et maintenant Marriage story : la fin d'année est prometteuse pour le leader de la SVOD, mais tout aussi inquiétante pour le cinéma en salles. Les prochains mois pourraient bien couronner le tout par une pluie de récompenses aux Golden Globes et aux Oscars.
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