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Roubaix, une lumière, Arnaud Desplechin (2019)

Photo du rédacteur: ValentinValentin


Le réalisateur français propose cet été un nouveau film venant étoffer son oeuvre de cinéma d'auteur, avec un thriller psychologique particulièrement réussi.

Adepte des films personnels, le cinéaste a choisi pour son nouveau film de s'accompagner d'un casting de grande qualité : Roschdy Zem, Léa Seydoux, Sara Forestier. Présenté à Cannes en mai dernier, où celui-ci a reçu un accueil plutôt favorable, il me semblait particulièrement nécessaire d'aller voir ce qui s'annonçait comme un renouvellement des codes du polar traditionnel souvent redondant, peu prenant et sentant le réchauffé. Roubaix, une lumière constitue l'une des meilleurs surprises françaises de cette année, grâce à une grande qualité narrative et d'interprétation, qui vient hisser le film parmi ceux à voir absolument en 2019. 

Particulièrement noir, psychologiquement intense et au rythme lent, Roubaix, une lumière fait intimement penser aux meilleurs films-noirs des années 1940-1950. Sans aucun doute, Despleschin tire son inspiration chez Hitchcock, chez Orson Welles pour mettre en scène cet effroyable fait-divers qui secoua la ville de Roubaix il y a plus de dix ans, et avait déjà fait l'objet d'un documentaire diffusé sur France 3 en 2008.


Roubaix, une lumière est un film d'une grande maturité et d'une finesse d'interprétation tout à fait exceptionnelle. Nous retiendrons notamment Roschdy Zem qui excelle dans son registre de policier à la grande délicatesse et au passé difficile, connaissant chaque recoin de sa ville. Puis, Léa Seydoux et Sara Forestier parviennent à transmettre à travers leurs émotions, (l'une est d'une dureté impassible, froide, l'autre se révèle profondément traumatisée, brisée et émotionnellement instable) la misère sociale d'une ville où les usines ont été démantelées. La majeure partie des acteurs sont tout simplement habités par leurs rôles.

Polar à la française sous fond de misère sociale, Roubaix, une lumière suit aussi et surtout le parcours de Louis, interprété par un Antoine Reinartz moins convaincant, policier novice, profondément croyant, de bonne famille. Ce qu'il y découvre à Roubaix pour sa première enquête, c'est le mal et son expression la plus violente, la manipulation, les péchés capitaux.


Arnaud Desplechin choisit de se pencher sur le mal, la cruauté. Grâce à un récit très précis et très bien mené de l'enquête, des interrogatoires et du dénouement, le réalisateur s'immisce dans la psychologie des personnages pour leur faire dire l’indicible, extraire cette "substantifique moelle" cachée au plus profond d'êtres dont le malaise, la souffrance et le sentiment d'incompréhension fait jaillir des pulsions criminelles à la froideur répugnante. De là tient la grande qualité de ce film qui ne lésine pas pour emprunter les chemins sinueux de la psychanalyse. La vérité, rien que la vérité. Le parcours vers celle-ci est long et à la manière d'un documentaire, le metteur en scène propose de décortiquer les ressorts d'une enquête particulièrement délicate, dans un contexte faisant écho à une réalité française : les villes pauvres. A Roubaix, 45% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.


L'équipe du film au 72e Festival de Cannes.

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