top of page

Suspiria, Dario Argento (1977)

Photo du rédacteur: ValentinValentin

Dernière mise à jour : 24 juin 2019


C'est parce que Suspiria est un conte pour adultes qu'il retient notre attention encore aujourd'hui. Dario Argento, père de l'actrice et réalisatrice Asia Argento, signe en 1976 une véritable petite merveille de fantastique et d'horreur, dont les images hantent encore aujourd'hui les pupilles de ses spectateurs. Objet d'un remake en 2018, comprenant dans son casting Jessica Harper qui obtint le premier rôle pour le film original, Suspiria intrigue autant qu'il rebute et pour de nombreuses raisons.

En 1976, le cinéma italien est aux prises depuis plusieurs années déjà par un genre cinématographique particulier, dont le représentant emblématique n'est autre que Mario Bava (Six femmes pour l'assassin). Celui-ci se fait alors le chef de file d'une manière de concevoir le cinéma axée par un mélange d'épouvante, d'horreur, du film noir, aux frontières avec l'érotisme. Chacun des plans, chacune des images sont léchées par une photographie novatrice dont les couleurs sont l'objet d'une minutieuse composition. Il va sans dire que la colorimétrie du cinéma du Giallo et en particulier les films de Bava est réglée parfaitement, par la prédominance de certaines couleurs comme le rouge, le bleu et leurs nuances. Très stylisé, ce cinéma-là conquiert un certain public depuis les années 1960, tout en choquant souvent : les scènes de violence atteignent non rarement un seuil encore très mal perçu par le commun des mortels, en Italie comme en Europe, associées à une bande-originale pour le moins peu banale.

C'est bien dans ce contexte que Dario Argento décide de réaliser Suspiria. Particulièrement admiratif du travail de son compatriote Bava, il opte lui-aussi pour une réalisation au style très caractéristique, aux images fortement colorisées. Suspiria est, entre-autres, dominée par une effusion de sang tant dans les images que dans le film lui-même : la prédominance du

Suzie (Jessica Harper) dans un plan somptueux au début du film. La composition des images rend l'atmosphère particulièrement terrifiante.

rouge et du bleu, parfois (souvent) associées, rend le film à la fois agréable et effrayant. Si les images servent le scénario, ce dernier repose sur une évocation terrifiante du thème des "Trois mères", un cercle de sorcellerie où les trois sorcières ( Mater Suspirorum, Mater Tenebrarum et Mater Lachrymarum) qui le dirigent cherchent à dominer le monde, entre autres. D'un style profondément ésotérique, Suspiria apparaît comme un véritable cauchemar dont les inspirations oscillent entre Thomas de Quincey (auteur de Suspiria de profundis vers 1846) mais aussi quelques épisodes de la mythologie romaine évoqués par ce dernier : les trois sorcières font particulièrement penser aux Parques, divinités sous le nom de Nona, Decima et Morta : Les trois ont entre leurs mains les "fils" de la vie : l'une commencer à tisser le fil de l'enfance, l'autre continue à tisser ce fil jusqu'à ce qu'il soit inévitablement coupé par la troisième divinité. Par ce fil, elles maîtrisent la destinée de l'Homme... et c'est véritablement ce que Dario Argento tend à nous montrer dans Suspiria lorsque nous en apprenons plus sur l'école de danse à Fribourg où la jeune Suzy atterrit sans comprendre une réalité faite d'inquiétude, de sorcellerie et de sanglants épisodes inexplicables.

Incontestablement, Suspiria, bien que signant le début d'une trilogie axée sur la même thématique, se laisse visionner à part, car il s'agit-là d'un véritable bijou qui émerveille, fait frissonner d'angoisse et inspire toujours, à en croire le travail mené par le danois Nicolas Winding Refn (Drive, Only God forgives, The Neon Demon) qui pousse à l'extrême les idées que le giallo avaient formulées dès les années 1960.

Posts récents

Voir tout

Comments


©2020 site web conçu par Valentin Bessonnard #PassionCinema

  • facebook
bottom of page