Le film-monument de Francis Ford Coppola est ressorti pour la troisième fois dans les salles obscures, sous la forme d'un "final cut", plus long que l'original, remasterisé en 4K, moins long que le "redux" de 2001. C'est donc le moment adéquat de se pencher sur ce film en l'abordant à travers différents faits surprenants ou méconnus, tous entièrement vrais, ainsi qu'un diaporama de quelques images du tournage.
#1 En tournant Apocalypse Now, Coppola utilisa en totalité plus de quarante kilomètres de pellicule 35 mm, un record pour l'époque, soit près de 200 heures de vidéo, en 16 mois de tournage.
#2 George Lucas était initialement le metteur en scène, ayant pour objectif d'en faire un faux documentaire sur le Vietnam au format 16mm. Trop occupé à construire l'univers de Star Wars, il laissa son rôle à son ami Coppola.
#3 Harrison Ford y effectue une courte apparition au début du film, aux côtés d'un autre militaire américain en poste.
Leurs noms ? Respectivement Colonel Lucas (clin d'oeil à George Lucas) et Général Corman, autre clin d'oeil à un ami de Coppola, Roger Corman, cinéaste qui révéla au grand public certains grands comme... Coppola, Scorsese, mais surtout Jack Nicholson, à qui il confia des premiers rôles alors que celui-ci peinait à acquérir une célébrité.
#4 Si la présence de drogues dures est succinctement évoquée dans le film, elle fut bien réelle. La présence au casting de Dennis Hopper, acteur et réalisateur de Easy Rider, figure du Nouvel-Hollywood n'arrangea pas les choses, si bien que le jeune Laurence Fishburne, alors âgé de seulement 14 ans, devint accro à l'héroïne durant le tournage. De la Marijuana, du LSD circulaient parmi acteurs et membres de l'équipe de tournage.
#5 N'apparaissant que quelques minutes à l'écran, Marlon Brando demanda un cachet d'un million de dollars en avance pour participer au film.
Son salaire d'un million de dollars par semaine contribua fortement à la ruine de Coppola. Pourtant, Marlon Brando n'apparaît qu'une dizaine de minutes à l'écran, le plus souvent de dos, en clair-obscur. Ses scènes furent tournées en trois semaines, alors que ce dernier, en surpoids, ne connaissait pas les répliques et ne lut que très vaguement le scénario du film. En conséquence, l'acteur du Parrain improvisa la majeure partie de son texte, ce qui rendit furieux le réalisateur, qui préféra déléguer la caméra à son assistant en raison des fortes tensions entre les deux hommes. Finalement, après plusieurs jours de pourparlers, Brando commença a lire le livre original (Au coeur des ténèbres), et accepta de jouer le rôle du Colonel Kurtz comme dépeint dans l'oeuvre littéraire en se rasant complètement les cheveux.
#6 En véritable banqueroute, Coppola dû utiliser sa propre fortune pour terminer le film, quitte à y mettre sa maison et toutes ses affaires personnelles. A Cannes, les producteurs et le réalisateur "firent pression" pour obtenir la Palme d'Or pour redresser les finances : Le Jury, présidé par l'écrivain François Sagan, lui remit le précieux graal. Pour éviter tout soupçons, la Palme d'Or fut finalement un ex-aequo avec un autre film allemand, alors que la femme de lettres détesta le film.
#7 D'un point de vue purement technique et sonore, Apocalypse Now est une réelle innovation : il est le premier film à utiliser une technologie sonore en Stéréo surround 5.1. La période est d'ailleurs caractéristique au niveau des améliorations sonores pour les films diffusés, grâce à
Orange mécanique, Star Wars, Rencontres du troisième type, Une étoile est née, entre autres. Le mixage et l'étalonnage sonores durent plusieurs mois, une tâche particulièrement délicate pour l'ingénieur son choisi par Coppola, ayant aussi travaillé plus tôt pour George Lucas sur THX 1138. La tâche la plus délicate fut de bien déterminer quels sons à entendre sur les six différents canaux sonores. Le résultat, bluffant, demeure aujourd'hui encore un modèle de mixage audio. Un soin tout particulier fut apporté au son des hélicoptères, dont la création fut particulièrement élaborée. Sur le tournage, le son des hélicoptères était si fort qu'il masqua une partie des prises de son réelles, nécessitant de réenregistrer un nombre considérable de dialogues. Pour en savoir plus, un entretien complet de l'ingénieur son Walter Murch est disponible en anglais ici.
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