top of page

"Un après-midi de chien (1975) : Al Pacino en braqueur inoubliable

Photo du rédacteur: ValentinValentin

1975 est l'une des années les plus riches de l'histoire du cinéma mondial. Vol au dessus d'un nid de coucou, Les dents de la Mer, Barry Lyndon, Le Miroir, Les frissons de l'angoisse, peur sur la ville et je pourrais en citer beaucoup d'autres comme ça. Mais l'un d'eux retient mon attention parce qu'il est une réussite intégrale, et que celle-ci tient notamment à l'interprétation d'une figure qui fête aujourd'hui ses 80 bougies. Al Pacino et "Un Après-midi de chien", c'est tout une histoire (vraie), et c'est surtout depuis un classique du cinéma.


Synopsis


Tout commence lorsque trois jeunes hommes décident de braquer une banque de Brooklyn. Novices en la matière, l'un d'eux fait faux bond au dernier moment. Cela n'empêche pas Sonny et son ami Sal de poursuivre leur quête d'argent. Le premier cherche en effet à payer le changement de sexe de son amant. Le braquage ne se déroule pas comme prévu : la police arrive rapidement sur les lieux, une prise d'otage s'organise. Encerclé par les forces de police présentent en nombre, Sonny parvient à déjouer chacun des pièges mis en place par les autorités qui tentent de négocier. A l'intérieur de la banque, la tension monte mais les otages se lient d'affection avec leurs détenteurs. A l'extérieur, une foule encourage Sonny qui réussit à imposer sa volonté. Aura t-il le dernier mot lorsqu'il demandera une condition bien particulière pour libérer les otages ? Fouillant sa vie privée, la police tente le tout pour le tout afin de récupérer les otages et neutraliser les assaillants. Rien ne se passe comme prévu dans ce braquage hors normes.


Analyse



Sidney Lumet avait déjà beaucoup impressionné dans "Douze homme en colère", son chef-d'oeuvre, mais aussi grâce à Serpico, avec un jeune Al Pacino (1973). Sidney Lumet a déjà dirigé des pointures du cinéma. Incontestablement, ce maître du Septième Art avait toutes les armes en main pour réussir l'adaptation de ce fait divers bien réel, en partant d'un article transcrit pour le cinéma par son ami Frank Pierson.


La réussite est, comme prévu, totale.


Le spectateur se retrouve dès les premiers instants immergé dans ce braquage totalement inédit. La scène d'ouverture est impressionnante, nous montrant une Amérique entre plages bondées, rues poisseuses, vie urbaine sont montrées à la manière d'un documentaire, nous rappelant qu'il s'agit là d'une histoire vraie se déroulant dans le New-York des années 1970.

Cela est peut-être dû à un oeil postérieur avec lequel je regarde ce film qui me semble totalement précurseur de quelques-uns de ce qui seront plus tard les grand films de genre. Comme dans plusieurs de ses réalisations, Sidney Lumet fait monter graduellement la tension dramatique, grâce à un rythme qui ne s'essoufle jamais. Le scénario est rondement mené, psychologiquement intense, quasi insoutenable, et se retrouve au coeur des thématiques d'un nouvel Hollywood dénonciateur et qui cherche à se renouveler culturellement. Un après-midi de chien n'aurait jamais pu être tourné dans une autre décennie que celle-ci.



Nous pourrions aussi louer les qualités d'Al Pacino en braqueur quasi solitaire, à la force psychologique considérable. Nous le voyons se métamorphoser progressivement. Le regard se durcit, les yeux se tirent, les gouttes de sueur perlent sur son front, son teint devient blafard à mesure que les négociations s'enlisent. Mais surtout, Sidney Lumet démantèle chacune des idées préconçues par l'utilisation de principes particulièrement intéressants. Il révèle la vraie nature du braqueur, Sonny (Al Pacino) qui en réalité est déroutante : Est-il si mauvais que cela et mérite t-il tel traitement ? Le réalisateur semble dénoncer l'usage abusif de la force : toutes armes pointées, la police a soif de tirer sur Sonny qui voulait seulement de l'argent pour son amant homosexuel. Lumet se positionne pour la place des homosexuels dans la société, alors qu'il s'agit presqu'encore d'un crime aux Etats-Unis. C'est très fort. Enfin, John Cazale, presque mutique, réalise quelques interventions glaçantes.


"Put your fucking guns down! Put your fucking guns down! Put your fucking guns down! Put your fucking guns down! Attica! Attica! Attica! Attica! Attica!"

A aucun moment, l'un des deux braqueurs se révèle être mauvais envers les otages, bien au contraire. La police se révèle être seule manipulatrice, tandis que Sonny est honnête, sincère et plein d'humanité mais aussi particulièrement déterminé. Ses convictions font sa force.

Voilà qui pose des questions fondamentales et qui fait la qualité du film. Le mal ne se cache pas toujours dans les évidences. A travers cette histoire de braquage se cristallise tous les travers d'une société instable. Le film se transforme progressivement en un drame social.

Quelques scènes sont particulièrement marquantes et restent ancrées dans la mémoire cinéphile pendant longtemps.


Je ne peux donc que conseiller ce film qui reste encore aujourd'hui très intéressant. Non pas désuet ni démodé, il répond à une actualité toujours bien là, celle des discrimination, de l'ultraviolence et du manque d'humanité.

Posts récents

Voir tout

Comments


©2020 site web conçu par Valentin Bessonnard #PassionCinema

  • facebook
bottom of page