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Laura, Otto Preminger (1944)

Photo du rédacteur: ValentinValentin


Le style cinématographique des films-noirs a donné un nombre conséquents d'oeuvres de grande qualité, parmi lesquels on retrouve Laura, tourné durant la Seconde Guerre mondiale. Il fait partie des premiers films du genre, sorti une année où Howard Hawks, Fritz Lang et Billy Wilder se bousculent pour proposer eux aussi leur propre film où les nuances de noir et de blanc s'associent aux thèmes de la trahison, de l'angoisse et des faux-semblants pour donner à voir des images d'une beauté souvent époustouflante. (spoilers)


Laura constitue incontestablement le premier chef-d'oeuvre du genre. Otto Preminger signe son premier vrai grand film, qui lui donnera sans doute des ailes pour les suivants dont Rivière sans retour ou l'Homme au bras d'or. Adulé par la Nouvelle-Vague qui en a tiré des enseignements importants, Laura et son réalisateur a marqué le cinéma pour plusieurs raisons.


Le crime est son affaire... Mais quel crime ?


Laura, c'est l'histoire d'un crime terrible et violent que McPherson, lieutenant de police, est chargé de résoudre. La jeune Laura a été sauvagement assassinée. Le meurtrier court toujours. Mais celui-ci se cache derrière le masque de l'innocence, ne dévoilant pas son vrai visage. Est-ce Waldo Lydecker, écrivain et journaliste à la plume acérée ou Shelby Carpenter, jeune homme sans vergogne qui avait demandé à Laura de l'épouser peu avant sa mort ? Le mystère reste entier et le film oscille entre enquête et sentiments amoureux.


Laura fait preuve d'une grande originalité sur le plan stylistique et scénaristique. Les influences d'Agatha Christie ne sont pas rechignées. On pourrait surtout affirmer que Laura fait référence à la littérature policière que les lecteurs s'arrachent dans les années 1940.

Particulièrement original, le film possède un impressionnant renversement de situation en plein milieu, qui tient le spectateur en haleine plus que jamais : Laura est vivante ! La vraie-fausse victime passe de défunte à suspecte dans une affaire de meurtre où les faux-semblants sont très forts et la distance entre les différents personnages se ressent véritablement.


Figures de Style et symbolique forte



Si Laura est étudié dans les classes encore aujourd'hui, ce n'est pas un hasard. Les images sont belles et d'un soin immense, caractéristiques de l'obstination et de la détermination d'Otto Preminger. Les comédiens sont d'une beauté inégalable. C'est visuellement très réussi. Mais cela ne s'arrête pas là puisque nous retrouvons assez régulièrement ce tableau de la jeune Laura, sur lequel nos yeux se posent aussi longtemps que ceux des personnages principaux. La thématique du "tableau au cinéma" est exploitée dans le sens où McPherson tombe amoureux de Laura au fur et à mesure qu'il contemple le tableau en la croyant assassinée. Dans les années 1940, il n'est pas rare de voir ce thème présenté dans des films comme dans "Rebecca" d'Hitchcock (1940), "La femme au portrait" de Fritz Lang (1944) mais aussi bien plus tard dans des réalisations portées par la Fox, notamment. Le lieutenant aime un idéal mais doit se confronter à la vraie femme, qui doit sa réussite à elle-seule et non à Waldo Lydecker, être nocif et manipulateur.

Flashbacks et voix-off contribuent à apporter un vrai supplément au film. Les premières paroles sont prononcées par Waldo Lydecker, égocentrique à souhait et sont primordiales...


La figure de la femme dans Laura


D'une manière générale, la femme est souvent la figure négative dans les films noirs. Dans Laura, la masculinité est présentée à contre courant des discours habituels et la réflexion demeure assez complexe. Pour McPherson, Laura n'est autre que la femme de ses rêves. Celle qu'il aime et qu'il ne reverra jamais puisqu'elle est morte. Pour Lydecker, Laura n'est autre que celle qu'il aime tellement qu'il aimerait être cette femme. C'est d'ailleurs peut-être la première fois au cinéma qu'on perçoit chez une figure masculine l'envie de devenir femme. Au delà de l'idéal présent dans ce tableau, l'apparition de Laura en chair et en Os est un moment bouleversant du cinéma : il demeure dès lors impossible pour McPherson de fantasmer plus longtemps sur cette figure puisqu'elle existe mais sous un autre aspect. La peinture ainsi présentée est concentratrice des fantasmes masculins.

C'est au cœur du tableau que naît cet amour qui demeure en réalité l'écran où se projette des visions entre McPherson et Laura et entre Lydecker et Laura en raison de cette présence-absence jusqu'à la moitié du film. Laura n'a rien de la femme perverse et manipulatrice habituelle des films noirs alors que en réalité, Lydecker en possède tous les traits, et considérant tellement Laura comme son être qu'il se fond en elle pour devenir un monstre calculateur et pernicieux.


Primordial, Laura est un film très important dans l'histoire du cinéma dont il faudrait consacrer d'avantage de temps pour en analyser la "substantifique moelle". Nous nous contentons ici d'en aborder les points principaux...

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