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Le dictateur, Charles Chaplin (1945)

Photo du rédacteur: ValentinValentin


Dans ce film audacieux, immensément culte et inoubliable, Charlie Chaplin emmène le spectateur dans l'Europe des nationalismes et des dictatures qui ont profondément marqué les esprits. Satire virulente et sans détours, Le dictateur est le premier film parlant de l'humoriste, mais constitue aussi son plus gros succès. Si tout a déjà été dit sur ce monument du cinéma mondial qu'il faut certainement avoir vu au moins une fois dans sa vie, je m'efforcerai ici de vous proposer un point de vue global sur ce film ambitieux et qui remplit son contrat avec brio.


Synopsis



Au sein d'une Europe tiraillée par la guerre, Un barbier juif devenu soldat malgré-lui parvient à sauver un pilote d'avion, dénommé Schultz. Le crash l'ayant rendu amnésique, le jeune homme passe plusieurs années à l'hôpital, ignorant tout ce qui se passe hors des murs. A l'extérieur, la Tomainie, pays fictif de notre protagoniste, est dirigée par un dictateur virulent et haineux à l'égard des juifs. Parvenu à s'échapper, le jeune barbier réintègre son ghetto. Mais, décalé par rapport à la situation défavorable à l'égard des minorités, il se révèle aussi intrépide que gauche. Mais ce qu'ignore notre barbier, c'est sa ressemblance frappante avec le dictateur en place... De rafles en coups d'éclats, le juif cherche à défendre ses pairs jusqu'à ce qu'il soit déporté en camp de concentration. De son côté, le dictateur, en pleine négociation avec son homologue italien, cherche à marcher sur les pays qui nuisent à sa puissance. Mais, c'est sans compter sur sa ressemblance avec le barbier juif, lequel se retrouve, dans une succession d’événements improbables, à la place du dictateur : Lorsqu'il faut improviser un discours, le jeune homme se révèle pacifique et humaniste, sauvant et défendant les siens...


Analyse


Difficile, sinon impossible, de ne pas tarir d'éloges ce film qui est d'une qualité intemporelle. Chaplin s'attaque avec vigueur et dénonce l'absurdité des dictateurs et de la guerre, tout comme l'inhumanité de leurs agissements. A l'issue de la guerre, personne d'autre que Charlie Chaplin, immense figure du cinéma muet, ne pouvait s'attaquer à ce sujet sans risquer la mise au rebut. Film nécessaire, sinon primordial, il est d'autant plus symbolique qu'il constitue le premier film parlant de son réalisateur... Et quelle étape franchie : le discours final du barbier devenu "dictateur" malgré lui est l'un des moments les plus touchants de l'histoire du cinéma, empli de sincérité, de vérité. Exhortation à la paix, profondément humaniste, le film tout entier est voué à une cause profonde, honorable et essentielle, pour la pérennité d'un nouveau modèle des sociétés européennes, mais aussi pour l'abolition des dictatures dont les motifs sont aussi odieux qu'irresponsables. Avec un ton propre à lui, Chaplin propose sa satire d'Hitler et de Mussolini en montrant leur grande fragilité. Infantilisés, réduits à d'ignobles incapables avides de pouvoir et de domination, les deux dictateurs sont caricaturés sans détour aucun et le portrait proposé est particulièrement éclairant. Particulièrement lucide, le film contourne le mélodrame et bien que proposant un ton relativement comique, il reste une vision réaliste du danger idéologique des dictatures européennes.

Plusieurs scènes sont particulièrement marquantes, parce qu'elles tracent le portrait d'un dictateur mégalomane, fou, incapable et dont l'intérêt qu'il affiche pour le peuple n'est qu'illusoire. On retiendra la scène avec le globe-ballon, expression forte du désir de domination du monde, mais aussi ses discours incompréhensibles, mais dont le ton est d'une grande puissance. Il singe également Mussolini (Napaloni) avec une vigueur toute particulière, et on retiendra l'affrontement très enfantin, mais particulièrement drôle avec Hitler/Hynkel. Les deux hommes sont tournés au ridicule, sans jamais que le spectateur n'oublie la gravité de la situation.

Des images fortes au service d'un discours profond, un sens de l'humour qui ne laisse jamais de côté un réalisme criant, un interprète mémorable... Le dictateur est un film dont on ne se lassera sûrement jamais. Son apport pour l'histoire du cinéma, l'histoire elle-même est primordial et éclairant. Charles Chaplin, homme-orchestre, doutait de ce film : mais il nous montre ici son talent à traiter de sujets de société avec sérieux, sans jamais omettre ce qui a fait de lui l'une des figures du cinéma : son humour, sa gestuelle et désormais, ses paroles.


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