Sur Passion Cinéma, je vous propose également de se pencher brièvement sur quelques séries qui marquent l'actualité, par les thèmes qu'elles abordent ou par leur qualité générale.
Cette semaine, j'ai choisi de vous présenter au beau milieu des centaines de séries disponibles sur les plateformes, When they see us (en VF : Dans leur regard), une mini-série diffusée sur Netflix, relativement courte (4 épisodes d'1 heure 10 environ) mais qui traite un sujet éminemment important et ô combien toujours d'actualité : le racisme systémique, encore inévitablement présent dans nos sociétés contemporaines.
Nous l'avons vu récemment, les producteurs n'ont jamais été aussi intéressés à l'idée de se focaliser sur des sujets de société qui ont marqué leur époque. Effet de mode, retombées monétaires importantes ou véritable envie de mettre à jour des conspirations connues du monde entier... Difficile de s'y retrouver. Pourtant, très récemment, Chernobyl (produite par HBO) proposait de dresser le funeste portrait de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en Ukraine (ex-URSS) à travers 10 épisodes d'excellente qualité, se rapprochant au maximum de la réalité, évitant le cliché de mauvais goût du "USA vs URSS" et de la déliquescence de l'odieux communisme au profit d'un capitalisme glorieux pour proposer quelque chose de plus approfondi, bien que dramatisé.
Dans When they see us, Ava DuVernay, la réalisatrice sensible au racisme, décide d'aborder une affaire judiciaire qui marqua un New-York ponctué par les crimes incessants, à la fin des années 1980 : Une jogueuse de Central Park est retrouvée en avril 1989, inconsciente. On apprendra peu après qu'elle fut violée, violentée. Très rapidement, une bande de cinq jeunes d'origine hispanique et afro-américaine sont accusés à tort du crime. La police, usant alors de méthodes peu conventionnelles, menaçant, torturant les cinq jeunes, parvient à tirer des aveux pourtant contradictoires. L'affaire est suivie par l'Amérique tout entière, pendue à la sentence de la justice éprise par un racisme très fort. Le résultat, unilatéral, condamne les jeunes à une peine de prison longue. A l'époque, un certain... Donald Trump, alors agent immobilier à New-York, demande la peine de mort pour les "cinq de Central-Park", ce qu'il n'obtiendra heureusement pas : ce n'est que 13 ans plus tard que le vrai criminel est finalement retrouvé.
Dans leur regard tente en quelques heures de narrer l'intégralité de l'affaire à travers ses moments les plus cruciaux (le fait divers, le procès, l'incarcération des jeunes...), le tout emprunt d'une atmosphère édifiante et particulièrement évocatrice du climat de l'époque. Les organes de la répression des crimes aux Etats-Unis étaient et sont toujours, de fort nids à injustices pour les personnes issues de minorités, en particulier les afro-américains. Il s'agit bien là d'un thème qui résonne lourdement avec l'actualité sous le mandat de Donald Trump, les infamies commises trop souvent par des officiers de police. Le ton est lourd, l'émotion est là et ne quitte pas. Difficile de regarder cette série sans penser au destin malheureux de ces jeunes enfants qui, confrontés à une machine juridique sans pitié, demeurent encore aujourd'hui hantés par une arrestation, un procès et un séjour un prison d'une longueur interminable, et d'une pesanteur infinie. Dans leur regard est prenante, poignante et fait vibrer tant on aimerait qu'il ne s'agisse pour l'Amérique que d'un passé lointain. Preuve en est du contraire, tant la série sème l'inconfort parmi les politiques américains, et en premier lieu, le président Donald Trump.
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