La fièvre Peaky Blinders continue de s'emparer du monde des séries télévisées pour atteindre un niveau sans précédent. A quelques semaines (ou mois ?) de la diffusion de sa cinquième saison, petit détour par le Birmingham du début du siècle précédent afin de comprendre le phénomène British diffusé en France sur Arte et Netflix.
Si il y a quelques séries à regarder en version originale, Peaky Blinders est incontestablement LE show crucial. Les accents aux sonorités irlandaises et Ouest-britanniques méritent clairement le détour, tant ceux-ci sont travaillés avec une grande rigueur.
Série désormais reconnue pour sa grande qualité visuelle, scénaristique et interprétationnelle, Peaky Blinders fait désormais office de référence en la matière en Grande-Bretagne. Déjà en 2014, soit un an après la diffusion du premier épisode, le magazine les Inrockuptibles classait le show parmi les séries anglophones à ne pas manquer, aux côtés de Broadchurch, Sherlock, Downton Abbey ou encore Black Mirror, diffusée à l'origine sur la quatrième chaîne britannique.
Foncièrement originale et visuellement d'une très grande propreté, Peaky Blinders n'a cessé de s'améliorer au fil de ses saisons grâce à un format particulièrement adapté (6 épisodes d'une cinquantaine de minutes). Si cela peut paraître relativement court, il permet au contraire de développer les intrigues sans jamais tomber dans la redondance infecte des séries trop longues ou d'envisager des moments sans intérêt. Bien au contraire, Peaky Blinders peut se targuer d'une grande efficacité quant à son scénario suivant les affaires de la famille tzigane Shelby, implantée dans la cité industrielle de Birmingham, à l'Ouest la Grande Bretagne. Situant le début de l'histoire en 1919, elle permet d'observer les évolutions de la société britannique, en situant le tout non pas du côté des élites mais plutôt du côté ouvrier, ce qui constitue là aussi un pan original.
Se basant sur l'histoire vraie des Peaky Blinders, un groupe criminel aux multiples activités tirant son nom des lames de rasoirs derrière leurs bérets qu'ils utilisaient pour aveugler brutalement leurs ennemis, Steven Knight a choisi de centrer l'histoire autour de quelques-un des membres (fictifs) les plus charismatiques comme Thomas Shelby, Arthur Shelby, Polly Gray, Ada Shelby ou encore John Shelby, évoluant dans un contexte socio-politique authentique. Bien que tous membres de la même famille (ce qui induit une dynamique de groupe toute particulière), chacun possède des traits de caractère particulièrement différents, impliquant souvent des choix et des situations délicats. Le leader, Thomas "Tommy" Shelby est incarné par un très convaincant Cilian Murphy, au sommet de son art. Son frère Thomas est campé par Paul Anderson, connu pour ses rôles au théâtre mais aussi pour avoir obtenu un rôle dans le film '71 sur le conflit nord-irlandais, ce qui n'est d'ailleurs peut-être pas un hasard, tant la série embrasse aussi la thématique du conflit entre l'Irlande et le Royaume-Uni. Pour quelques épisodes, le plaisir est encore plus grand lorsque débarquent les acteurs Sam Neill (Jurassic Park...), Tom Hardy (The Dark Knight Rises...), Charlotte Riley, Paddy Considine, Aiden Gillen (Game of Thrones) et Adrien Brody (Le Pianiste). Une belle distribution, donc.
Au détour des épisodes, nous y croisons tous les thèmes du gangstérisme anglais : manipulations financières, courses équestres truquées, trafic d'armes, export de gin dans le contexte de la prohibition, guerre de gangs, attentats, manipulations politiques, corruption politique et policière. Tous ces éléments sont ainsi évoqués dans un travail dramatique impeccable, de grande classe et ne cessent de rester accrocheurs tant ils sont portés par des acteurs de talent et un scénario intelligent.
L'ambiance qui se dégage de Peaky Blinders est sombre, respire le charbon à plein nez, sent le souffre, les vapeurs d'alcool, la fumée de cigarette. Certains épisodes frôlent sans aucun doute la perfection sur le plan de la réalisation. L'ambiance est renforcée par une photographie prônant l'aspect authentique. L'utilisation de procédés cinématiques récurrents comme les plans rapprochés, les travellings, les ralentis artistiquement superbes, font de la série un travail se rapprochant fortement du cinéma plutôt que des séries habituelles. On apprécie considérablement le soin apporté aux costumes au style très british, d'une grande classe, porté par la famille Shelby (mention spéciale aux tenues féminines). Enfin, la bande-son remixe régulièrement Nick Cave & the Bad Seeds, Arctic Monkeys, PJ Harvey pour un côté rock old school agréable et donnant une tonalité badass bad guys aux protagonistes.
Chez les Peaky Blinders, le whiskey irlandais, les cigarettes rythment la journée. Chez les Peaky Blinders, la fin justifie les moyens. Mais la famille est la plus forte des valeurs, quel qu'en soit le prix à payer. Alors, pourquoi ne pas associer famille et business ? Les puissants Shelby dominent leur monde au doigt et à l’œil de la police et de leurs adversaires...Au prix de certains êtres les plus chers...
Les montages Youtube fusionnent, mettant en scène certains moments forts avec des musiques puissantes, parmi celles-ci, n'en retenons qu'une seule pour cet article focalisée sur l'attachant mais instable personnage Arthur Shelby donnant un très bon aperçu du rendu visuel et dramatique de la série (Attention, SPOILERS) :
Toutefois, si vous n'avez pas encore commencé à regarder la série, il ne faudra en retenir qu'un conseil : savourer immédiatement ! Les saisons 1 à 4 sont disponibles sur Netflix, tandis que la saison 5 sera d'abord diffusée sur Arte en VF et en VOSTFR. By order of the Peaky Blinders !
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