« Dans un univers passablement absurde, il y a quelque chose qui n'est pas absurde, c'est ce que l'on peut faire pour les autres. »
André Malraux
Dans une situation aussi critique que celle que le monde vit actuellement, les pires scénarios de fiction semblent retrouver une demie teinte de réalité. La culture, acte de partage et d’émulation, se retrouve privée de son public. Voilà que le pays, petit à petit, éteint chacune des bougies qui font vivre la flamme de la Culture. Ce soir, ce sont les derniers bastions du divertissement et de la vie en société qui ferment, pour laisser place au vide, pendant plusieurs longues semaines.
Si cela sonne le Glas du grand écran, si le cinéma français met un pied de plus dans la tombe, peut-être est-il l’heure de découvrir, redécouvrir oeuvres et chefs d’œuvres du cinéma mondial, de combler les lacunes qui vous mettaient mal à l’aise en société : « tu as vu ce film ?» « J’aime beaucoup... dans..., tu connais? » « Je vais aller voir la suite de... t’as vu les premiers ? »
À vous qui répondiez toujours non, à vous qui répondiez oui sans conviction, à vous qui confondez Ridley Scott et les Frères Scott, l’heure est venue de briller plus que jamais.
Peut-être qu’à l’issue de cette crise, coeurs et esprits se seront élevés. N’est-il pas temps de cultiver son jardin comme disait Voltaire ? De se concentrer sur les choses réellement essentielles à la survie de l’esprit humain dans ce qu’il a de plus beau ? Si dans la solitude l’homme semble perdre pied, il peut aussi y trouver son salut. Car il n’est jamais vraiment seul : un livre, un DVD, un CD, un vinyle... sont autant de compagnons lorsque dehors, rien n’est plus.
Bien loins sont désormais les temps de l’insouciance. Si le monde va mal, la société est ébranlée. Les équilibres vacillent. La vie n’est rien, mais rien ne vaut la vie comme disait à nouveau Malraux.
Je ne pensais pas écrire un tel billet sur mon blog mais voilà que le temps semble suspendu. Peut-être est-il encore temps de prendre conscience que comme disait Hobbes dans le Léviathan, « l’homme est un loup pour l’homme ». Mais si l’enfer c’est les autres, les protéger est un devoir, une mission que les plus grands héros du cinéma ont tous accompli haut la main. Une main tendue vers l’avenir pour des valeurs plus humaines. Voilà déjà l’un des bilans que nous devons dresser de cette pandémie qui nous force à rester chez nous.
Rester chez soi, c’est s’aider soi même comme aider les autres. Le virus nous offre cette dernière liberté : celle de nous cultiver, chez nous, en famille. Un dernier acte de partage, autour du cercle le plus restreint possible, mais inlassablement comme le plus bel acte possible lorsqu’une société paraît s’écrouler.
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