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Titane, Julia Ducourneau (2021)

Photo du rédacteur: ValentinValentin


Palme d'Or du Festival de Cannes, Titane est sorti en salles le 14 juillet 2021. L'occasion de revenir sur ce film hautement perturbant qui a fait couler beaucoup d'encre. Voici mon avis.


Synopsis

Difficile d'établir un synopsis, pour ce film particulièrement déroutant. Je tâcherai de résumer celui-ci en vous disant qu'il s'agit de l'itinéraire hors-normes d'une femme dont les actes la poussent à la violence extrême. Mais recueillie par un commandant de Sapeurs-Pompiers dont le fils est décédé, elle va voir sa vie changer brutalement : un peu comme une fleur qui pousse au milieu d'un désert, l'amour semble pouvoir renaître même après les pires crimes...


Mon avis

Cet avis est susceptible de contenir quelques spoilers mineurs qui ne dévoilent pas l'intrigue principale du film (garanti).


Titane est un choc. Un choc visuel, cinématographique, dont on se souvient pendant un bon

moment. Les images sont fortes, marquantes et parfois même difficiles à regarder. Je me souviendrai pendant longtemps cette image des quelques spectateurs qui, à côté de moi, détournaient le visage. En sortant de la salle, ma première réaction a été de me demander comment j'avais pu en arriver à aller voir ce film. Sans aucun doute, le pari est réussi : c'est une œuvre qui, au-delà des images, cherche à questionner, à perturber, et à vraiment pousser les limites jusqu'à un fil rouge. J'ai le souvenir de Grave, dont la mise en scène m'avait aussi relativement bien perturbé, mais dont j'avais apprécié le jeu de la jeune Garance Marillier en végan devenue cannibale (pardon ?) suite à un bizutage dans son école. Mais là, Julia Ducourneau va encore plus loin en proposant un film qui n'a aucun égal. Chercher à le comparer à d'autres oeuvres est peine perdue. On peut seulement y entrevoir des inspirations et/ou des références à quelques films cultes, en particulier des années 1970-1980, au temps du cinéma d'horreur populaire.

S'il présente un certain nombre de points négatifs (en premier lieu un scénario quasiment inexistant), je vais d'abord m'attacher à vous présenter ce que j'ai retenu de positif dans ce film.


En premier lieu, il faut souligner la réalisation de qualité. Titane est un pari, et celui-ci a été pris avec tout l'engagement possible. Julia Ducourneau assume pleinement ses choix, les images et cela se perçoit nettement dans le film. On sent de l'engagement, une force véritable et c'est très certainement à cela que l'on doit la Palme d'Or.

Puis, j'ajouterais que le film bénéficie d'une équipe technique qui a fait du bon travail : la photographie est souvent très bien réglée et les lumières, les ambiances sont très travaillées. Les lumières me font penser à certains films de Nicolas Winding Refn (cf rubriques du blog) comme Drive, The Neon Demon. Les cadrages, millimétrés parviennent à tirer le meilleur des corps, des émotions et des visages. Enfin, la bande originale est puissante, et rythme avec intérêt le film, qui joue globalement sur l'effet de surprise et sur le "non quand même pas, elle va pas le faire !" et bien si, elle le fait. Et ça réussit plutôt bien.

Enfin, le jeu d'acteur. Je retiens le jeu très engagé d'Agathe Rousselle qui ne lésine par sur les moments chocs. Son corps de créature mi-humain mi-titane se métamorphose de façon impressionnante tout le long du film. Que dire de Vincent Lindon, acteur habitué des rôles de qualité, qui signe ici une prestation étonnante et riche !



Vincent Lindon, Julia Ducourneau et Agathe Rousselle à Cannes 2021.

Entre body horror, slasher, film féministe et thriller, Titane déjoue à peu près tous les codes pour laisser le spectateur complètement démuni face à ce qui se déroule. Chose flagrante, Julia Ducourneau souhaite s'affilier à plusieurs noms du cinéma de genre comme John Carpenter, David Cronenberg ou même Kubrick (Orange Mécanique). Des références qui sont flatteuses certes, mais n'est pas Carpenter qui veut. Julia Ducourneau cherche à jouer sur le malaise du spectateur, en lui proposant dès le départ des scènes déroutantes et parfois même plutôt perturbantes. La scène d'ouverture, assez étonnante, donne un peu le ton du film : il ne faudra pas être surpris du reste. La première moitié demeure alors une véritable escalade de violence, au cours de laquelle les corps sont mis à mal : violence, sexualité sont présents pour rappeler la fragilité de l'être humain. Le film s'amuse très clairement a provoquer en masses des interrogations au spectateur, en particulier concernant plusieurs scènes. Mais ces scènes sont-elles vraiment utiles ? A partir de là, tout le film découle de ces interrogations et jusqu'aux dernières minutes : Quelle sera la finalité de tout cela ? En d'autres termes, il y a dans ce film du très bon et du très mauvais : pour jouer sur l'effet de surprise, la réalisatrice a dû sacrifier bon nombre d'éléments pourtant essentiels. D'abord, le scénario, qui parfois apparaît comme une succession de scènes mises bout à bout. C'est un regret très fort sur ce point, car il ne fait pas de doute qu'un scénario bien meilleur aurait été possible, tout en gardant le côté "intimiste" de certaines scènes. Quelques invraisemblances majeures montre que l'objectif n'était vraiment pas de proposer quelque chose de rationnel, en particulier lorsque Vincent Lindon retrouve son fils, et que la police ne s'occupe plus de lui, et qu'en définitive, aucun test ADN n'est réalisé.


Conclusion


Sur le fond, que retenir de Titane ? Très difficile à dire. J'ai ressenti un profond malaise et une zone de turbulences à plusieurs reprises, ainsi que de l'incompréhension. Certains médias nous présentent ce film comme un coup de génie, mais je n'oserai pas aller jusque-là. Le message intrinsèque de la réalisatrice est peut-être trop brouillon. C'est fort dommage. S'agit-il d'un film humaniste ? Féministe ? Ou bien seulement d'un slasher/horreur ? Il subsiste encore quelques jours plus tard ce goût d'incompréhension particulièrement énervant. Mais pour autant, je n'irai pas voir une nouvelle fois Titane au cinéma. Un film un peu long.



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