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Top 5 : Le huis-clos au cinéma

Photo du rédacteur: ValentinValentin

Confinement ? Vous avez dit confinement ? Je vous propose aujourd'hui ma top-list des films se déroulant dans de petits espaces. Les spectateurs du grand écran ont pu expérimenter, depuis le milieu des années 1950, le genre du huis-clos au cinéma. Si filmer dans un lieu clos se révèle être une tâche particulièrement délicate pour le réalisateur, ceci est gage d'une expérience visuelle inédite. Dans ce top, je vous propose mon classement de mes 5 films se déroulant (quasiment) à huis clos. Inspirez profondément...


#5 Les Huit salopards, Quentin Tarantino (2015)



Western américain par le réalisateur d'un autre huit-clos (Reservoir Dogs), Les Huit Salopards est une franche réussite du genre. S'il constitue probablement l'un des moins appréciés de Tarantino, sous évalué comme Jackie Brown, ce film se démarque considérablement de ses pairs par un art du dialogue et du rythme impeccable, une distribution époustouflante (Kurt Russell, Samuel L. Jackson, Bruce Dern, Tim Roth, Michael Madsen, Jennifer Jason Leigh...), une bande originale signée bien sûr Ennio Morricone. Quentin Tarantino rend une nouvelle fois un hommage brillant à un univers qu'il aime particulièrement après un puissant Django Unchained. Ressortons-nous indemnes du chalet enneigé des Huit Salopards ? Pas sûr.


#4 Fenêtre sur cour, Alfred Hitchcock (1954)



Profitons de ce classement pour rendre un hommage vibrant à l'inventeur du huit clos. Fonctionnant sur le modèle du champ/contre-champ, l'histoire de ce photographe en fauteuil roulant condamné à observer ces voisins est profondément déroutante et marquante. Il s'agit là d'un classique ultime du cinéma à suspens. Film expérimental correspondant aux canons de l'époque en matière de cinéma à succès, Fenêtre sur cour développe le thème de l'amour et ses multiples visages. En prime, un couple de stars, James Stewart et Grace Kelly, que l'on n'oublie jamais. Voir, revoir, revoir encore ce film est le gage d'un grand moment de cinéma. Plus encore, Fenêtre sur cour est en réalité un film sur le regard et sur le cinéma en lui-même, sorte de mise en abyme d'un nouveau genre : il s'agit là de développer la fascination des hommes pour les images, pour l'intriguant, alors que James Stewart est passif.


#3 12 hommes en colère, Sidney Lumet (1957)



Le plus grand dilemme judiciaire de l'histoire du cinéma est aussi l'un des plus impressionnants huis-clos jamais réalisé. Sidney Lumet met en scène ce jury populaire composé de 12 individus aux origines sociales différentes, dont le sort d'un homme tient entre leur main. A travers ce brillant film qu'il ne faudrait que tarir d'éloges, Sidney Lumet est le premier réalisateur à dénoncer les failles du système judiciaire américain sur lequel repose une justice faite souvent de préjugés et de stéréotypes. Force est de constater que la technique utilisée par Sidney Lumet pour mettre en scène cette délibération étouffante est très intelligente et sera, par la suite, constamment réutilisée. La réduction du champ de la caméra permet de renforcer certains aspects anxiogènes. Le spectateur, accroché à son écran tout autant qu'à la sentence, devient acteur de cette délibération. Lumet, grâce à une intelligence scénaristique, donne la possibilité au spectateur de se faire sa propre idée sur ce jeune immigré accusé de parricide. En prime, l'un des rôles les plus mémorables d'Henri Fonda entouré de 11 autres interprètes très justes dans leur rôles. Un classique du cinéma indémodable, indétrônable.


#2 Shining, Stanley Kubrick (1980)



Un an après Alien le huitième passager, autre huis-clos de haute volée, Stanley Kubrick, réalisateur de génie, décidait d'adapter au cinéma, librement, le roman de Stephen King. Il s'agit là d'une réinvention complète du cinéma d'horreur. Le maître américain du cinéma prend à contre-pied tous les présupposés sur le cinéma de genre en proposant sa propre relecture d'un roman qui devenait culte. Véritable vague horrifique, Shining, bien que n'ayant pas eu l'écho escompté, est pourtant l'un des plus grands films à huit clos jamais réalisé, surpassant de loin toutes les attentes en la matière. Les multiples couches de lecture de ce film dont le décor devient un personnage à part entière en font un élément de cinéma enrichissant : Quelle métaphore faut-il y voir ? Kubrick traverse tant la psychanalyse que l'histoire, en multipliant les clins d'oeils cachés. Il s'inspire de ce qu'il connaît le mieux : le cinéma des années 20/30. Il s'appuie en grande partie sur le talent de ses trois interprètes principaux : Jack Nicholson, dont la métamorphose est tout simplement édifiante, Shelley Duvall en femme victime des supplices de son mari, et le jeune Danny Lloyd, possédant le Shining, le don de voir et d'entendre le passé de la maison. Plusieurs scènes marquantes, un constat unilatéral : livré à lui-même, dans la solitude la plus totale, l'homme est face à ce qu'il est vraiment : un être violent, dont le passé finit toujours par ressurgir. Et si le passé de cette maison n'était autre qu'une métaphore du passé ultraviolent de l'Amérique ? Et si la chambre 237 n'était autre que l'accès au subconscient dont il ne faut jamais pousser la porte ?

Nous vous invitons à lire le dossier complet sur Shining.


#1 Alien le huitième passager, Ridley Scott (1979)



Comme nous l'avons déjà dit, Alien le huitième passager fait souvent figure de référence en la matière. Ici encore, nous avons décidé d'en faire le numéro 1 pour de multiples raisons. Se plaçant dans une trilogie majestueuse du réalisateur britannique (Les duellistes, Alien, Blade Runner), ce film de science-fiction a tout pour lui : beauté des images, complexité du sens, qualité du travail, et postérité remarquable. Avec Alien le huitième passager, Ridley Scott marquait d'un fer rouge l'histoire du cinéma de Science-Fiction, par sa capacité à transposer un roman, celui de Alan Dean Foster, dans une ambiance terriblement anxiogène. Les nombreuses traversées des couloirs du Nostromo sont autant de mauvais difficiles pour le spectateur. Ce film parvient à cristalliser les peurs les plus enfouies de l'homme : peur de l'altérité, de l'inconnu, peur de la mort, de l'espace... A travers une métaphore plus ou moins explicite de la fécondation, de la figure maternelle, nous y trouvons, en cherchant bien, des allusions sexuelles particulièrement déroutantes. Mais, outrepassé cela, Alien le huitième passager est un huis-clos de génie. Ridley Scott y met en oeuvre tout son savoir-faire, faisant appel à plusieurs artistes de renommée pour construire ce vaisseau et en faire le lieu de toutes les peurs, dans le contexte d'une récente découverte de l'espace (seulement dix ans!) et d'un grand questionnement sur la solitude ou non de l'homme au sein de cet infini cosmos. Avec cette créature issus des dessins macabres de H.R Giger, Scott dresse le portrait de la peur, de l'horreur. Un film marquant, qui sera suivi par quelques suites plus ou moins réussies. Seul James Cameron parviendra vraiment à en tirer quelque chose de guerrier, de violent. David Fincher et Jean-Pierre Jeunet auront bien des difficultés à reprendre la franchise derrière deux génies du cinéma.

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